C'est quoi, le dopage ? Comment on peut se doper ?

En sport, quand on prend des médicaments pour être beaucoup plus fort, on se dope. Et le dopage, c'est de la triche.

Il y a plein de moyens de se doper : le plus souvent, les cyclistes avalent des pilules. Avant, ils se faisaient surtout des piqûres. On peut même changer de sang : on s'enlève le sang, on le garde au frigo, et on le réinjecte ensuite dans les veines. En fait, pour se doper, on utilise les moyens qu'ont les malades pour se guérir. Par exemple, l'EPO qui est utilisée en dopage sert pour les personnes qui ont le cancer.

Quand on se dope, on n'a pas besoin de faire des efforts ?

Si ! Les personnes qui prennent des médicaments sont plus fortes, mais elles font encore du sport. Surtout, c'est de la triche : ce sont des produits qu'on n'a pas le droit d'utiliser.

C'est dangereux pour la santé ?

Oui. En France, on interdit le dopage parce que c'est dangereux pour les cyclistes et parce que c'est de la triche. Dans d'autres pays, on l'interdit surtout parce que c'est très dangereux. Dans d'autres encore, on l'interdit parce que c'est de la triche, mais pas parce que c'est dangereux pour la santé. Moi, je suis contre parce que c'est de la triche, surtout.

Dans mon voyage en Bolivie et au Pérou, ils disaient qu'on pouvait manger des feuilles de coca, mais que si on en mangeait trop, c'était trop dangereux.

Oui, comme tous les médicaments, ça peut guérir ou être dangereux.

Les coureurs qui se dopent, ils savent qu'ils trichent ?

Oui, ils le savent, mais comme ils ont 20 ans, ils pensent pas qu'ils peuvent avoir des problèmes de santé, ils croient qu'ils sont invincibles. Avant, presque tous les cyclistes se dopaient, et celui qui ne se dopait pas était bizarre. Aujourd’hui, c'est l'inverse, la plupart des cyclistes ne se dopent pas, et c'est celui qui se dope qui peut être mal vu. Mais si on veut se doper, on peut.

Est-ce que vous avez déjà gagné une course ? Est-ce que vous étiez dopé ?

Oui, j'étais champion en cyclisme de route, et je me suis dopé un peu, avec de la caféine, mais jamais avec du dopage lourd. La caféine, maintenant, c'est autorisé. Ce ne sont pas des cafés, c'est un mélange de produits. Les sportifs qui prennent ça sont très énervés. Alors pour dormir, après, ils doivent prendre des somnifères : ça fait donc un gros mélange de médicaments tous les jours !

Ma mamie, elle était championne du monde, elle s'appelle Josiane Bost, vous la connaissez ?

Oui, elle a gagné à Mexico, non ? Elle roulait sur piste, je crois qu'elle a été championne olympique, en même temps que Daniel Morelon.

Note de la Rédaction : Josiane Bost a été championne du monde. 

Quand est-ce que vous avez changé de camp pour être contre le dopage ?

Je n'ai pas changé de camp, j'étais un bon entraîneur, mon équipe est devenue la plus forte du monde. Mais un des cyclistes m'a dit : “Il nous faut un bon entraîneur comme toi, mais aussi un bon médecin.” Mais moi, je n'étais pas d'accord, j'étais contre le dopage, mais je ne le disais pas vraiment.

©Jacques Azam

Quand il y a eu les soucis, qu'ils se sont fait arrêter avec les produits de dopage, j'étais soulagé parce que j'ai pu enfin en parler. Ceci dit, un des coureurs ne se dopait pas, et ça ne l'a pas empêché de gagner et de montrer qu'on pouvait gagner sans tricher.

©Jacques Azam

Est-ce que les cyclistes de votre équipe ont été arrêtés ?

Ils n'ont pas été pris comme des brigands, comme dans les films. Ils ont payé des amendes, mais ils n'ont pas été en prison. Il y a même des sportifs qui trouvent plus simple de payer une amende que de ne pas se doper.

C'était en quelle année ?

En 1998, il y a 20 ans, vous n'étiez pas nés ! C'est l'année où Virenque et Zidane étaient des sportifs connus. Zidane s'est dopé aussi. Dans tous les sports, il y a du dopage. Mais on en parle moins dans le tennis ou le foot. Et ils ne sont pas contrôlés. Dans le cyclisme, c'est très ancien, avant ils se dopaient avec des amphétamines.

Comment vous avez découvert les médecins qui dopaient les cyclistes ?

Je ne l'ai pas découvert, on savait tous depuis très longtemps que les gens trichent, je savais qu'ils se dopaient. Et ça continue. Mais plus les sportifs trichent, plus on essaie de les en empêcher. Maintenant, le cyclisme devient exemplaire, par rapport au foot ou aux autres sports.

Comment ça s'est passé quand vous avez lancé l'alerte ? 

Pas très bien ! J'ai été mis de côté, j'ai eu beaucoup de petites menaces. On m'a dit pendant très longtemps que je tuais le vélo. Maintenant, on a compris que ce n'est pas moi qui tuais le vélo, mais que c'est le dopage qu'il fallait tuer.

Comment vous luttez contre le dopage ?

J'écris sur les sportifs dopés et sur le dopage dans des grands journaux. Je fais aussi des livres et des magazines. J'explique comment marche le dopage.

Est-ce que vous vous occupez encore du vélo ?

Oui, parce que le vélo, c'est ma passion. Si vous avez une passion, vous avez envie d'en faire, de l'apprendre à d'autres personnes. Moi, j'avais envie de tout faire avec des vélos. J'ai été cycliste, puis j'ai entraîné, et maintenant j'écris des articles et des livres sur le vélo.