Mais que fait-il donc là ? Pourquoi y a-t-il un monument aux morts pour les soldats Français au cœur de Bâle, ville du nord de la Suisse, pays pourtant réputé pour sa neutralité ? Voici quelques éléments de réponse...


Un monument créé suite au conflit de 1870-1871

Situé au Kannenfeldpark, dans la ville de Bâle, ce monument commémore les soldats Français morts durant les grands conflits européens et mondiaux.

Inauguré le 25 septembre 1887, il est édifié au départ pour rendre hommage à des soldats Français bloqués en Suisse lors de la guerre contre les Prussiens de 1870-1871. 

A cette époque, la Suisse, pays neutre, ne voulait pas avoir de problèmes avec la Prusse, sa voisine. Lorsqu'en janvier 1871, des soldats Français de l'armée de l'Est, commandés par le général Bourbaki, ont fui vers la Suisse par le Jura, le gouvernement Suisse a décidé de les désarmer, de les interner à Bâle et de ne pas les laisser repartir en France avant la fin du conflit. Certains de ses soldats gravement blessés sont morts durant leur détention en Suisse et ce monument à leur mémoire a été créé par leurs compagnons de lutte. C'est pour cela que la stèle principale du monument porte l'inscription :« Aux soldats Français morts à Bâle 1870-1871 - Hommage de leurs compagnons ».


Une colonie de cheminots Français à Bâle

Par la suite, une colonie française de cheminots est venue s'installer à Bâle pour aider à la création de la gare et des chemins de fer partant de Bâle vers le reste de la Suisse et vers la France. Ils sont restés de nombreuses années ou se sont installés définitivement pour certains. C'est d’ailleurs grâce à eux que l'Ecole Française de Bâle, école de vos reporters du jour, existe.

Lors de la première et de la seconde guerre mondiale, ces ouvriers sont retournés combattre en France. Le nom des soldats résidents en Suisse qui ont péri pour la France a alors été ajouté sur le monument. Ainsi, nous pouvons y lire 107 noms de soldats morts pour la France durant la première guerre mondiale et 27 noms de soldats morts pour la France lors de la seconde guerre mondiale.


Un monument de grande envergure

Ce monument est constitué de trois parties distinctes. La partie centrale, construite suite au conflit de 1870-1871, a une forme d'obélisque. Elle est complétée par une partie horizontale en forme de cercueil. Sur le couvercle de ce cercueil, on peut lire les mots « Honneur et Patrie ».

De chaque côté de cette partie centrale, il y a deux stèles indépendantes érigées chacune lors des deux conflits mondiaux suivants. Elles portent les inscriptions « 1914-1918 Aux morts de la Grande Guerre » et « A la mémoire des soldats et des victimes civiles de la colonie française de Bâle morts pour la France pendant la guerre de 1939-1945 ».

Ce monument a été construit par Amadeus Merian, architecte Suisse, en 1887. Il est taillé dans du grès des Vosges. 

Sur ce monument, on trouve différents symboles de la guerre, de l'honneur et de la patrie : des casques de soldats, des rameaux de laurier et d'olivier, des couronnes de fleurs et la croix de Lorraine.

Il mesure 3,5 m de hauteur entre la base et le sommet de l'obélisque ; 8,2 m de longueur et 2,1 m de largeur. Il est clôturé par une chaîne en métal. 

Il comporte en tout 134 noms de soldats.

En 1887, il était positionné dans le cimetière militaire de Bâle. Ce cimetière a depuis été déplacé et un parc a pris sa place autour du monument. 


Un lieu de commémoration

Chaque année, depuis la première commémoration du 11 novembre en 1922, les Français de Bâle ainsi que les représentants des Français en Suisse se réunissent pour rendre hommage aux soldats Français. Les enfants de l’École Française de Bâle sont présents pour chanter des chants commémoratifs et la Marseillaise en l'honneur de ces soldats. La population Suisse participe également à cette commémoration.  

Il en va de même dans les 52 autres lieux de commémoration situés un peu partout sur le territoire Suisse.