L’une des plus grandes colonies d’hirondelles de fenêtre de Nouvelle-Aquitaine

Au printemps 2019, Mathieu Moulis, garde naturaliste à la réserve de l’Etang Noir, à Seignosse, a nommé les élèves Sentinelles des hirondelles et leur a lancé un premier défi : procéder au comptage de la population d’hirondelles de fenêtre, espèce protégée, nichant dans le village.  Ils sont alors partis à leur recherche dans le village et deux zones  de nidification ont été identifiées : quelques nids sur une maison inhabitée dans le bourg  et énormément de nids sur le pont enjambant l’Adou . Forts de ces informations,  ils se sont alors attachés à élaborer un protocole de comptage fiable : après réalisation d’un plan du pont (faces est et ouest), ils ont répertorié tous les nids sur le plan, puis,ont partagé plusieurs séances d’observations  afin de repérer les nids occupés.Ils ont ensuite recoupé leurs observations pour obtenir un résultat final inespéré. 

Au total : 119 nids occupés sur le pont, 17 nids sur la maison. En activant son réseau, Mathieu leur a alors annoncé, quelques jours plus tard, qu’il s’agissait d’une des plus grosses colonies d’hirondelles de fenêtre de Nouvelle – Aquitaine. Un trésor dont il faut prendre soin...

Jumelles, lunette, oeil nu : toutes les techniques d'observation sont les bienvenues

 Cartographie du pont, face est, arche A et nids occupés (ronds verts)

                             

Une grande densité de nids occupés


L’hirondelle de fenêtre,une espèce migratrice en danger

L'hirondelle de fenêtre arrive chez nous en avril après une périlleuse migration depuis l'Afrique centrale de plus de 8000km. En plus des difficultés inhérentes à toute migration, l'hirondelle doit faire face aux conséquences de la vie humaine moderne.Ces quinze dernières années, la population d'hirondelles de fenêtre a chuté de 41%. En cause  notamment la raréfaction de la nourriture et la modification de ses lieux d'habitat. Les hirondelles trouvent de moins en moins à manger(moustiques,moucherons... )à cause de l'utilisation massive des insecticides.La modernisation du bâti est beaucoup moins favorable à l'installation des nids. Et là où elles pensent enfin avoir trouvé un endroit pour nicher, les hirondelles sont chassées car on leur reproche de provoquer des salissures avec leurs déjections. Rappelons que pourtant la destruction de nid de toute espèce protégée est formellement interdite sauf obtention exceptionnelle d'une autorisation.

Hirondelle ayant installé son nid contre un mur sous un avant-toit


 Pourquoi tant d 'hirondelles de fenêtre sur le pont de Saubusse?

C ' est bien simple, la structure du pont permet au hirondelle d'y greffer facilement leur nid, aussi bien sur la face est que la face ouest et les hirondelles ont tout à disposition immédiatement. L'Adour est un fleuve qui se jette dans l'Océan Atlantique à Bayonne. Saubusse n' est qu'à une cinquantaine de kilomètres de son embouchure, alors le niveau de l'Adour à Saubusse monte et descend au gré des marées. Aussi,  à marée basse, les hirondelles disposent de toute la terre humide qu'elles souhaitent pour construire leur nid. A cela, elles y rajoutent de l' herbe sèche ainsi qu'un dernier ingrédient dont elles ont le secret : la salive. Enfin, la nourriture est abondante : nombreux sont les insectes qui volent au-dessus de l’eau. Le pont de Saubusse bénéficie d’une situation protégée, puisqu’il se trouve en zone classée Natura 2000, barthes de l’Adour. 

L'Adour à marée basse

Les hirondelles, sous l'aile des Sentinelles

La deuxième mission des Sentinelles est de sensibiliser le public à la préservation de cette espèce et plus largement à la préservation de la biodiversité. Pour cela, elles ont rédigé un panneau explicatif qui a été installé sur un pupitre au pied du pont afin de sensibiliser les promeneurs à cette espèce protégée.

Panneau de sensibilisation réalisé par la première génération de SentinellesQuelques jours après le lancement du projet en 2019, les Sentinelles ont appris que des travaux de nettoyage du pont devaient être entrepris dans les semaines suivantes, entrainant la destruction des nids. Finalement, ceux-ci ont été retardés et ne devraient démarrer que fin 2020. Les hirondelles pourront encore passer un printemps et un été paisibles à Saubusse, laissant le temps aux Sentinelles deuxième génération de procéder au comptage2020, formés par leurs camarades de la première génération. 

En 2021, les Sentinelles année3 seront vigilantes et veilleront à ce que les hirondelles puissent à nouveau réinvestir les lieux…

La mobilisation de toute une école, génération après génération, dans cet espace qui pourrait rapidement devenir une Aire Terrestre Educative.


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