1 monument, 4 mystères

Le 15 novembre  2018, nous sommes allés observer le monument aux morts de Chelles pour notre projet labellisé « Mission du Centenaire 14-18 » et pour le concours « Les enfants pour la paix ». Nous y avons découvert deux noms effacés et le nom d'une femme.

Nous avons envoyé des lettres à différentes associations, à la Mairie de Chelles, aux archives départementales de Seine et Marne pour obtenir des réponses à ces énigmes.

La dernière curiosité que nous avons apprise est que notre monument fut déplacé en octobre 2010. En effet, érigé sur le trottoir de la rue principale de notre ville, l'avenue de la Résistance, personne ne prêtait plus attention à lui. D'un endroit oublié...
(crédit : M.Galley)

C'est pourquoi il a été transféré dans le parc du Souvenir, lieu dédié à la Mémoire, près de la Mairie.

...vers un lieu de mémoire
(crédit : M.Galley)

Le mystère du premier nom effacé

Eugène Biré est l'un des deux noms effacés sur le monument. Etant trop jeune, il n'a pas pu participer à la Grande Guerre. Lors de la Seconde Guerre mondiale, E.Biré a été déporté au camp de Mauthausen où il y est mort le 5 mai 1944. En l'absence d'un monument dédié aux victimes de 39-45, son nom a été inscrit sur celui de 14-18. Quand le monument aux morts de la Résistance et des victimes de la barbarie nazie a été érigé, E.Biré a retrouvé la place qui était la sienne.

détail du monument dédié à la Résistance et aux victimes de la barbarie nazie
(crédit : wikimedia commons)


L'énigmatique A.Jolly

Notre monument aux morts n'indique que les noms et initiales des prénoms des soldats. Le A.Jolly effacé nous a posé souci. S'agissait-il d'Abel ou d'Albert ? 

détail du monument aux morts
(crédit : CM2b)

Grâce à nos recherches sur le registre matricule des soldats, nous avons découvert qu'Albert Jolly n'était pas mort le 12 septembre 1914 et qu'il était toujours en vie en 1933. Inscrit par erreur sur le monument de 14-18, son nom a donc été effacé.

C'est donc Abel Jolly, mort le 26 novembre 1917 des suites de blessures de guerre qui figure sur notre monument.

extrait du registre matricule d'Albert Jolly
(crédit : Archives départementales du 77)

« Morte pour la France »

Nous y avons aussi remarqué le nom d'une femme : Jeanne Rappeneau. Nous avons été surpris car, à cette époque, les femmes ne combattaient pas, elles n'étaient pas soldats. Alors comment se faisait-il qu'une femme ait été déclarée « Mort pour la France » ?

détail du monument aux mort (crédit : CM2b)

Jeanne Rappeneau a été infirmière militaire pendant le conflit. Elle a contracté la grippe espagnole sur le front et elle est morte des suites d'une pneumonie, à Chelles, le 2 novembre 1918, à seulement neuf jours de l'Armistice...

carte postale de la Grande Guerre
(crédit : delcampe.net)