Monsieur le maire nous a ouvert les archives municipales. Le registre des délibérations nous apprend que le 26 novembre 1922, M. Charles-Maurice Bellet, maire de Montastruc-la-Conseillère, et son conseil municipal prennent la décision de construire un  « monument aux combattants morts pour la France ». Son coût, 21 000 francs, sera financé à moitié par une souscription publique et pour l’autre moitié par un crédit municipal pris sur les budgets 1922 et 1923. Il sera édifié sur l’esplanade de l’Avenue du Général de Castelnau, entre les propriétés Massol et Espitalier dont nous avons interrogé les descendants: madame Espitalier se rappelle bien de ce monument et possède encore un document familial qui confirme la donation de l’emplacement.

Une commission est constituée pour étudier le projet. Elle est composée du conseil municipal, de deux mutilés de guerre, deux anciens combattants, deux parents de soldats morts à la guerre et d'un des souscripteurs.

La commission ayant rendu ses travaux, le conseil municipal décide de confier la réalisation du monument à Georges Vivent, « sculpteur statuaire », 9 Allées des Zéphyrs à Toulouse. Il prend la forme d’un sarcophage en granit posé sur six pieds et trois marches d’escalier. Nous voilà à quatre pattes devant le monument pour le vérifier ! 

La statue allégorique, en marbre blanc d’Italie, s’appelle Marianne et représente la France. Elle regarde les 45 Montastrucois morts pour la France dont les noms sont gravés en lettres dorées sur la face avant. Elle tient dans sa main droite une couronne de fleurs en signe de deuil et porte sur la tête une couronne de lauriers symbolisant la victoire.

Détails de la statue en marbre blanc

Les faces latérales du monument portent les noms des victoires remportées par les Alliés sur les Allemands.

La face latérale gauche.

La bataille de la Marne a eu lieu du 5 au 12 septembre 1914. Elle a mis en scène les célèbres « Taxis de la Marne » qui ont acheminé les troupes françaises depuis Paris vers le front afin d’arrêter la progression des ennemis.

La bataille de Champagne, du 25 septembre au 1er octobre 1915, voit l’offensive des troupes françaises rapidement arrêtée.

La bataille de la Somme dure du 1er juillet au 18 novembre 1916. Pour la première fois, les chars d’assaut sont utilisés mais personne ne gagne.

La face latérale droite. 
La bataille de l’Yser s’est déroulée du 17 au 31 octobre 1914, près de Dunkerque. En inondant la vallée du fleuve, Les Belges, les Français et les Britanniques ont arrêté les  Allemands menacés de noyade.

La bataille de Verdun s’écoule du 21 février au 18 décembre 1916. Les Allemands commencent par des tirs d’artillerie : en 2 jours, 2 millions d’obus – 1 toutes les 3 secondes – s’abattent sur les lignes alliées. Le Général de Castelnau, notre célèbre Montastrucois, arrête la progression des troupes allemandes au Nord de Verdun grâce à l’utilisation, pour la première fois, de l’aviation de chasse. 

Parallèlement nous avons construit des biplans en carton sur le modèle de ceux sortis des usines Latécoère à Toulouse où beaucoup d'anciens de Montastruc ont travaillé après leur reconversion. (Elles fabriquaient des trains avant la guerre).

Nos réalisations en carton à partir des avions de Pierre-Georges Latécoère.

Les combats de Verdun font plus de 700 000 victimes. (Le Général Édouard, Marie, Joseph Currières de Castelnau a longtemps habité le château de Lasserre à Montastruc-la-Conseillère. Mort en 1944, il repose dans le cimetière du village. Le monument aux Morts porte le nom de deux de ses fils, Joseph, Marie, Henri, François-Xavier et Marie, François, Joseph, Gérard, morts pour la France. La rue principale de Montastruc porte son nom).

La bataille de l’Aisne, plus connue sous le nom du Chemin des Dames commence le 16 avril et se finit le 24 octobre 1917. Les soldats français s’élancent près de Craonne dont  nous avons repris le chant le 11 novembre devant des militaires (même un général !) et le public nombreux. Les Allemands sont surpris. Mais quelques troupes françaises se mutinent, ce qui profite aux Allemands. Les tirs d’artillerie, associés à la charge des chars, donnent à la France une victoire nette mais coûteuse en vies humaines.

Les grandes victoires alliées (1914 – 1917).

Le monument aux morts a été rénové le 1er mars 1974 :
une stèle portant l’inscription « Aux Français d’Outremer morts pour la France », a été ajoutée. Elle rappelle le sacrifice des soldats venus des Départements et Territoires d’Outremer et des colonies d’Afrique. Les noms des trois soldats morts pendant la Seconde Guerre mondiale ont été ajoutés.

La stèle à la mémoire des Français d'Outre-mer.

Il a aussi été remanié le 16 avril 1997 ; cette fois-ci les lettres ont été repeintes en noir pour le prix de 7015 francs. Depuis  2001 et le réaménagement de l’Avenue de Castelnau, les grilles délimitant l’enclos autour du monument aux morts ont disparu. La rue principale a été déplacée, ce qui fait que le monument est aujourd’hui sur un terre-plein au centre de l’avenue.

Le monument vers 1950.

Un patient travail aux archives communales, de nombreuses recherches sur le site «Mémoire des Hommes » et celui des Archives départementales (registres matricules), l’interview de personnes du village nous ont permis d’élucider ce mystère.

Notre classe travaillant sur les archives communales.

Nous avons fait connaissance avec les personnes dont les noms figurent sur la stèle ; ces noms, qui ne signifiaient rien pour nous, nous sont devenus familiers : chacun d’entre-nous a « parrainé » un poilu, a cherché à savoir qui il était, où il avait combattu, à quelles batailles il avait participé, où il était décédé. Tous ces renseignements nous ont aidés à brosser le portrait de « notre » poilu. Après avoir enfilé des uniformes à notre taille, cousus par les « mamies », nous avons joué son rôle devant la caméra. Plusieurs clips ont ainsi été réalisés.                                                   

                                                                   Le tournage des clips vidéo.

Pour lire les clips vidéos concernant les "poilus" de notre monument aux morts :

https://www.youtube.com/playlist?list=PLoK0ZUMg3OuSDJn_FEqNteF0sg4Qr818w

Nous connaissons aussi désormais la signification du monument aux Morts, devant lequel nous avons chanté la Marseillaise le 11 novembre.

Le 11  novembre 2018 à Montastruc-la-Conseillère.

Il commémore le sacrifice des soldats de la Première Guerre mondiale morts pour la France. Il permet aussi aux familles montastrucoises de faire leur deuil car de nombreux corps ne sont pas revenus. Certains sont enterrés dans l’Est, bien loin de leur village natal ; d’autres, portés disparus, n’ont pas été retrouvés. Ce monument symbolise aussi les victoires des Alliés et nous rappelle la valeur de la Paix. C’est le sens de notre logo : « plutôt que de nourrir la haine, faisons taire les armes pour que pousse la paix sur Terre».