Nous voici au début du XXème siècle, dans un petit village de Bourgogne, entouré de champs et de vignes: Fontaine-Lès-Dijon..

Fontaine en 1914Avant la première guerre mondiale, vers 1911, il y a 474 habitants à Fontaine-Lès-Dijon. La plupart sont des agriculteurs, des vignerons ou des ouvriers. Dans le village, il y a rarement de l'électricité et il n'y a qu'une seule route praticable qui amène à Dijon (actuellement la rue du Colonel Clère). Aujourd'hui, on peut encore observer autour de notre école les traces des constructions de l'époque : entrées de cave, maisons de vigneron, granges...M. Petit nous présente sa collection d'objets de la Grande Guerre
Fontaine n'était pas sur la ligne de front car les combats avaient lieu plus au nord et à l'est de la France. Du 23 novembre 1914 au 4 janvier 1915, des soldats du troisième régiment d'artillerie coloniale d'infanterie ont été logés à Fontaine. Dans le petit village, la troupe dormait sur de la paille, dans les granges des habitants et dans la chapelle du Centenaire. Fontaine a dû transformer ses bâtiments en hôpitaux pour recevoir tous les blessés du front. Les femmes ont remplacé les hommes dans leur travail, elles fabriquaient des vêtements chauds et envoyaient des lettres et des colis aux soldats.

Cantonnement des soldats dans une grange à Fontaine pendant la Première Guerre mondiale.
L'armistice est signé le 11 novembre 1918. Il y a eu douze soldats Fontainois morts sur le front. Parmi eux, seulement sept ont été retrouvés et reposent maintenant au cimetière de Fontaine. Chaque homme de la commune qui a sacrifié sa vie a son nom inscrit sur le monument aux morts.

Un monument pour rendre hommage et se souvenir

Les Fontainois ont voulu faire construire un monument aux morts pour montrer leur reconnaissance envers ceux qui étaient morts pour les défendre et pour ne pas les oublier. Ce monument a été dessiné puis réalisé en pierre du Chatillonnais par Émile Pouffier, marbrier dijonnais, en mai 1922. Il a coûté cher à l'époque (6 780F) mais toutes les familles ont souhaité participer à l'achat du monument. Il fut inauguré le 11 juin 1922 et installé au cœur du village entre l'église, les écoles et la mairie.

1000 cartes postales comme celle-ci ont été éditées pour aider à payer le monument

En 2008, le monument a été déplacé sur la place des Feuillants, pour avoir davantage de place pour les cérémonies. La croix religieuse, à l'avant du monumenta, a disparu lors de son déplacement. A Fontaine, il y a d'autres lieux de commémoration: le monument aux morts, plus ancien, de la guerre 1870/1871, le carré militaire du cimetière et un vitrail dans l'église Saint Bernard.

Sur le vitrail,on voit un poilu mourant, dans son uniforme "bleu horizon", qui s'est sacrifié pour son village

Un monument  symbole de paix

Observation du monument avec Mme PavèseLe monument aux morts de Fontaine a la forme d'un obélisque faisant le lien entre la terre et le ciel. Le monument, bordé de fusées en pierre, rappelle un rayon de soleil, en hommage au courage des soldats. Huit obus de 270 reliés par de grosses chaînes en fonte l’entourent et délimitent un espace sacré. Ils sont un symbole de paix car les obus enchaînés ne peuvent plus éclater. Ce monument célèbre la fin de la guerre dans l'espoir d'une paix durable.

Tout en haut, sont sculptées la croix de guerre, qui récompense les combattants, et une guirlande de laurier. En bas du monument, la plaque commémorative des soldats de 39/45 et d'Indochine, remplace celle où figurait un casque de poilu posé sur une palme, symbole de gloire et de paix.Le monument aux morts Erica 12 ans
Au centre du monument, sur une plaque en pierre de Comblanchien, sont gravés en lettres rouge-sang les noms et prénoms des douze "Enfants de Fontaine-Lès-Dijon morts pour la patrie", dans l'ordre chronologique de leur décès au front: Paul Guillemard, François Roux, Lucien Koest, Charles Ruffin, Guillaume Mariaud, Maurice Gaveau, Robert Wagner, Albert Lauvin, Stéphane Picard, Georges Chouzenoux, Emile Tschiember et Pierre Chaubard.

Quatre poilus de Fontaine nous racontent leur histoire

M. Vouzelle nous montre comment retrouver un registre dans le magasin des ArchivesLes 12 soldats Fontainois travaillaient surtout dans l'agriculture. Ils étaient souvent de jeunes appelés, fantassins ou artilleurs. La plupart ont été tués en 1915 ou en 1917, comme Stéphane Picard à Verdun, par l'éclatement d'un obus.

Je m'appelle Paul Guillemard. Je suis né le 24 janvier 1892, à Fontaine-Lès -Dijon. Je suis le fils de François Joseph Guillemard et d'Anne Merot. J'ai les yeux bleus et les cheveux châtain clair. Je sais faire du vélo et j'ai eu des prix de tir. J'étais manouvrier quand j'ai été appelé comme soldat de première classe dans le 27ème régiment d'infanterie. Je suis mort à 22 ans à Commercy dans la Meuse, en 1914, à cause d'un éclat d'obus dans la poitrine et je repose au cimetière de Fontaine, dans le carré militaire.

Je m'appelle Emile Tschiember. Je suis né à Fontaine, le 31 juillet 1892. Pour rester français, mes parents, Morand Tschiember et Caroline André, avaient quitté l'Alsace qui était devenue allemande, après la guerre de 1870. Je mesure 1,64m, j'ai les yeux gris. J'étais vigneron lorsque j'ai été appelé dans l'artillerie de montagne comme soldat de 2ème classe. Je suis mort à 26 ans le 9 décembre 1918, à Monastir en Serbie, sur le front oriental, à cause d'une maladie contractée en service. On ne sait pas où je repose.Portraits de nos poilus Philippine 11ans et Jossua 10 ans
Je m'appelle Robert Wagner. Je suis né le 21 Juillet 1891. Je suis le fils de Nicolas Wagner et de Clémence Ohnsmann. Je mesure 1,85m, j'ai les yeux bleus et les cheveux châtain clair et je suis bon nageur. J'étais étudiant quand j'ai été appelé comme sergent dans le 21ème régiment d’infanterie. J'ai demandé un sursis pour problème de santé et j'ai été finalement appelé le 21 mars 1913. Je suis mort en Artois en novembre 1915, six mois après mon mariage, en manipulant une grenade. J'avais 24 ans et on ne sait pas où je repose.

Je m'appelle Maurice Gaveau. Je suis né à Fontaine, le 31 décembre 1895. Je suis le fils de Bénigne Léon Gaveau et d'Eugénie Marie Aurélien. J'ai un demi-frère plus âgé, Marcel, qui est manouvrier. J'étais jardinier quand j’ai été appelé comme soldat de 2ème classe dans le 121ème bataillon de chasseurs à pied en 1915. Je suis mort au Lingckopf en Alsace le 27 juillet 1915, j'avais 20 ans. Je suis enterré auprès de ma famille dans le cimetière de Fontaine.

Notre conclusion

"C'est important pour moi le monument aux morts car ça rappelle les gens qui se sont battus pour la France et je trouve qu'ils ont eu du courage." Edouard 10 ans

"Un monument aux morts, c'est sacré. Ce qui m'a touchée c'est que des hommes sont partis à la guerre et ne sont pas revenus." Océane 11 ans

Un monument aux morts c'est important, ça sert à savoir le nom des personnes qui sont mortes pour nous, pour les avoir toujours dans notre cœur. " Louka 10ans