Vous avez sûrement déjà entendu parler des yokais. Sûrement grâce à la série Yokai watch, qui avait fait du bruit à sa sortie (j'étais la seule à ne pas connaitre). Le fait est que la série s'inspire, jusque dans son nom, des yokais, ces démons japonais. Ces mêmes yokais dont je vais vous parler. Tout d'abord, les yokais (妖怪 "démons", "fantômes" ou "apparitions étranges") sont des créatures surnaturelles du folklore japonais, qui sont souvent représentées sous la forme d'esprits malfaisants ou malicieux symbolisant les tracas quotidiens ou habituels. Ainsi, cette étrange et désagréable sensation d'être observé, la couette qui vous étouffe la nuit, ce sont sûrement des yokais... Il existe diverses "sortes" de yokais, telles que les ayakashi (妖), des yokais apparaissant près d'une pièce d'eau, les mononokes (物の怪) ou encore, les mamonos (魔物). Plusieurs animés font usage des mononokés, le plus célèbre étant certainement Princesse mononoké, qui porte, encore une fois, l'influence jusque dans son titre.

Différents types de yokais

Ils existe beaucoup de types de yokais, le nom en lui même n'étant qu'un terme générique qui englobe toutes les "espèces". Il y a tout d'abord les espèces animales, la plupart sont des henges (métamorphoses) qui apparaissent souvent sous la forme de femmes. Le plus connu est certainement le kitsune, le renard à neuf queues, qui se transforme en femme pour tromper les voyageurs isolés et les manger.

Les oni ensuite, un des aspects les plus connus des yokais, sont des ogres descendant des montagnes, et souvent décrits comme des êtres démoniaques mais qui peuvent occasionnellement personnifier une force naturelle ambivalente. Ils sont, comme beaucoup d'obake (お化け) (aussi appelés bakemono (化け物) (littéralement "choses qui changent") associés à la direction nord-ouest.

Les tsukumogamis (excellent pour crâner si vous arrivez à dire ce nom) sont un type à part entière de yokai et d'obake, comprenant des objets domestiques prenant vie lors de leur centième anniversaire. Le premier que j'ai connu est chochin-obake, la lanterne horrifique, qui est décrit comme une simple lanterne avec une grande entaille lui servant de bouche et laissant trainer une langue ou, dans certains cas, crachant du feu. 

Les transformations d'humains, de loin mes préférés, sont très souvent des femmes (le terme onna, qui signifie femme, se retrouve à la fin des prénoms de yokais femmes) qui ont eu un gros problème qui les a marquées au point qu'elles ne puissent pas se reposer après leur mort, soit parce qu'elles ont fait quelque chose qu'elles regrettent beaucoup, soit parce qu'elles ont été maudites. Voici quelques exemples : Tsurara-onna, Yuki-onna, Futakushi-onna, Kushisake-onna, Teke-Teke et Hanako-san. Vous remarquerez que Teke-Teke n'a pas le onna, même si c'est bien une femme transformée. L'explication est simple, mais je préfère vous raconter l'histoire en entier :

Histoires de yokai

Yuki-onna (雪女) et Tsurara-onna (つらら女) sont deux femmes des neiges assez semblables en apparence, peau très blanche, glacées, portant un kimono blanc (le kimono (着物) est le vêtement traditionnel japonais), et extrêmement belles, mais pas du tout dans leur histoire. Alors que Yuki-onna erre dans les tempêtes de neige, tuant les voyageurs égarés, Tsurara-onna va voir les hommes seuls, se lamentant de ne pas avoir de femme. On sait tout de suite qu'on préfèrerait pas la rencontrer...

Selon la légende, Futakushi-onna (photo ci-dessous) est une femme, tout ce qu'il y a de plus normal, qui aurait laissé mourir de faim son beau fils. Quelque mois après sa mort, un ouvrier la blesse à la nuque, et la plaie cicatrise en formant une bouche. Insatiable, elle demande en permanence à manger, sans quoi elle raconte des horreurs. On retrouve cette même particularité chez Mysdibule, pokémon de troisième génération, dont la queue de cheval n'est autre qu'une immense bouche pleine de dents. Finalement, Futakushi-onna est moins dangereuse que Mysdibule, qui broie des barres de fer, mord ses ennemis et/ou les mange.


Kushisake-onna est décrite comme étant la plus belle femme de son temps dans la légende, a l'habitude demander aux passants "suis-je belle ?"  (la réponse était toujours oui) . Lorsque son mari apprit qu'elle le trompait, il entra dans une fureur noire et demanda à ce qu'elle pose à nouveau cette question. Elle lui demanda et il dit "oui, mais ce serait mieux si tu souriais plus". Elle sourit et il se jeta sur elle avec un ciseau pour lui tailler un grand sourire, d'une oreille à l'autre. Depuis, on raconte qu'elle erre dans les rues la nuit, le bas du visage couvert avec son éventail et qu'elle demande à tous ceux qu'elle croise "suis-je belle ?" . La victime répondra à tous les coup "oui", alors, elle fermera son éventail. Si la victime crie d'horreur, Kushisake-onna la tue. Sinon, elle reposera la question et si la personne dit "non" ou ment, elle la tue aussi. Le seul moyen de s'en sortir serait de la distraire avec de la nourriture. 

Teke-Teke, quand a elle, n'est pas qu'une onna, c'est aussi un onryo, un esprit vengeur, qui a vraiment une triste histoire. Elle serait une élève japonaise harcelée, qui aurait finit par se jeter sur une autoroute (ou des rails) au moment où une voiture (ou un train) passait. De son corps, la police ne retrouva que le buste, l'impact l'ayant découpée en deux à la taille. Elle apparaîtrait la nuit, et demanderait à des passant isolés "où sont mes jambes ?". Si le passant donne une réponse qu'elle juge mauvaise, elle fera apparaître une faux et le découpera au même niveau qu'elle. S'il connait la réponse (qui est "sur l'autoroute Meishin"), le passant survivra et elle lui posera une deuxième question "Qui te l'a dit?"  (personnellement Wikipédia, mais la réponse exacte reste inconnue) et si elle juge une nouvelle fois cette réponse acceptable, elle posera sa troisième et dernière question "Quel est mon nom ?". A cette question, il n'y a qu'une seule réponse, qui est "Kashima Reiko" (diminutif de "Kamen Shinin Ma Reiko"). 

Hanako-san n'est quand à elle pas une onna. Elle serait plutôt dans la catégorie des onryo, esprit vengeur (même si elle est plutôt sympa). Hanako-san est elle aussi une étudiante japonaise qui aurait vécu pendant la seconde guerre mondiale et qui serait aussi morte pendant cette guerre. Selon la légende, elle jouait à cache-cache avec ses camarades lorsqu'un obus s'est écrasé sur son école. Depuis, elle hanterai la troisième cabine des toilettes des filles du troisième étage et apparaîtrait lorsqu'on prononcerait trois fois son prénom et emporterait avec elle ceux qui entrent dans les toilettes. Je tiens à préciser (petite parenthèse) l’utilité du préfixe san. Il fait partie des quatre  principaux préfixes honorifiques au Japon. C'est le plus commun, il sert pour les personnes du même "niveau" que soi.

Les ressemblances ou les références dans le quotidien

L'exemple le plus simple des préfixes évoqués ci-dessus serait Hanako-san, qui est la Dame Blanche japonaise (Bloody Mary (Mary la Sanglante) pour les anglophones). Mais il y a aussi les Pokémons, ces petites bêtes à attraper et qui sont mignonnes pour la plupart. En réalité, pokemon est l’abréviation de Poketto Monsuta, en japonais "monstres de poche". Exemple simple: le Pokemon Momartik (Pokemon spectre et glace quatrième génération) dont le nom japonais est d'ailleurs Yukimenoko, est directement inspiré de Yuki-onna. Vous pouvez vous amuser à chercher à quel type de yokai s’apparenterait tel ou tel objet ou personne du quotidien.